Théodore Rousseau, la voix de la forêt

Envie de prendre un bol d’air, au milieu du paysage parisien ? Inutile de faire des kilomètres pour aller en rase campagne. Il vous suffira simplement de franchir les portes du Petit Palais. Au printemps s’y tiendra une rétrospective de l’œuvre de Théodore Rousseau, grand peintre du 19e siècle. Pour lui, la nature était plus qu’une source d’inspiration. C’était un sanctuaire, un refuge à préserver. Immergez-vous dans l’œuvre de cet écologiste avant l’heure.

Peindre la nature, à l’épreuve de la révolution industrielle

À l’instar de nombreux artistes comme les impressionnistes, Théodore Rousseau fait partie de ceux qui ont voulu s’affranchir des codes de l’époque. Dans un siècle fortement marqué par la révolution industrielle et les prouesses scientifiques, le besoin de revenir aux sources se fit ressentir. Pour l’artiste bohème, il s’agit de la nature, et particulièrement des forêts, qui opérèrent en lui une révélation dès son plus jeune âge. Refoulé du grand Salon de Paris, il vit dans ce refus une raison supplémentaire de partir à la recherche de cette nature intacte et préservée de tout artifice.

Cette exposition montre donc la place émérite de Rousseau dans l’art du paysage. Elle résonne d’autant plus maintenant, au regard des enjeux écologiques actuels et de la vision que nous portons sur notre nature.

L’art de la nature en trois temps

L’exposition se décline en trois parties. La première est dédiée au renoncement de Rousseau à la voix académique et à son désir de peindre la nature pour elle-même, et non en tant que simple décor. Refusant le traditionnel voyage en Italie dans le cadre de son apprentissage, il préféra se tourner vers les différents recoins de la France pour parfaire sa maîtrise. Ses carnets et études témoignent de son besoin d’être au plus près de la nature pour mieux la peindre. Son génie réside dans la manière dont il place le spectateur, face à l’œuvre. Prenez le temps de contempler l’un de ses tableaux pour vous imprégner de cette sensation enveloppante d’être au cœur du paysage de l’artiste.

Vous poursuivrez votre balade au milieu de ses œuvres peintes dans la forêt de Fontainebleau et découvrirez son influence auprès des artistes de son époque. Sans jamais l’avoir voulu, Théodore Rousseau fut le mentor de nombreux peintres et photographes comme Jean-François Millet ou Eugène Cuvelier. C’est d’ailleurs autour de Rousseau que se forma, dans les années 1830, l’école de Barbizon (toutefois, sans qu’aucun artiste n’ait revendiqué la création d’un tel mouvement).

Votre visite se terminera sur l’engagement de Théodore Rousseau pour la nature, et son appel à une prise de conscience écologique. Au-delà de ses œuvres, le peintre se fit porte-parole de la communauté artistique de son temps pour agir contre l’abattage de forêts. Un combat qui porta ses fruits : après une lettre envoyée au ministre de l’intérieur de l’époque, la première réserve naturelle au monde (appelée “réserve artistique”) vit le jour en 1853. Un parcours passionnant qui rappelle l’importance cruciale de la sauvegarde de la nature dans notre société.

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