Denise Bellon. Un regard vagabond

Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme consacre une rétrospective exceptionnelle à Denise Bellon, figure méconnue mais essentielle du XXe siècle. À travers près de 300 œuvres – photographies, lettres, objets et publications – l’exposition « Un regard vagabond » retrace le parcours d’une femme libre, curieuse et profondément engagée. Cofondatrice d’Alliance Photo, première agence photographique de l’entre-deux-guerres, Bellon s’est illustrée par des reportages audacieux dans les Balkans, en Afrique et en Finlande, tout en documentant avec sensibilité la vie sous l’Occupation à Lyon. Son travail sur la maison des Éclaireurs israélites à Moissac, refuge pour enfants juifs, témoigne d’un humanisme rare et d’un engagement discret mais puissant.

Entre surréalisme et mémoire juive

Liée aux cercles surréalistes dès l’avant-guerre, Denise Bellon fut la photographe attitrée des expositions du mouvement entre 1938 et 1965. Son objectif a capté les visages de Victor Brauner, Sonia Mossé, ou encore André Masson, tout en immortalisant les figures majeures de l’École de Paris et du monde littéraire : Simone de Beauvoir, Jacques Prévert, Henry Miller… Née dans une famille juive d’Alsace et d’Allemagne, Bellon a su conjuguer mémoire intime et regard universel, notamment à travers ses clichés de la communauté juive de Djerba en 1947.

Une invitation à découvrir l’insolite et l’ailleurs

L’exposition propose une immersion dans l’univers d’une photographe qui n’a cessé de questionner le monde avec poésie et acuité. Qu’il s’agisse d’un mariage gitan dans la Zone parisienne ou d’un tournage de film réalisé par sa fille Yannick, Denise Bellon révèle l’insolite dans le quotidien. « Un regard vagabond » est bien plus qu’une rétrospective : c’est une traversée sensible de l’histoire, de l’art et de l’engagement, portée par une femme dont l’œuvre mérite enfin d’être pleinement reconnue.

La photo se dévoile dans les expositions de Paris Region.